Aller au contenu

Le Quartier des Arts veille, s'accroche et ne lâche pas

15 décembre 2022

Réaction suite à l’avis favorable de la Commission de Concertation à propos du
projet de démolition-reconstruction de l'îlot Lebeau.

Pour rappel, un concours d’architecture fut organisé en 2018 par le Bouwmester Maitre Architecte de la région bruxelloise sans aucune concertation avec les riverains. Le programme de ce concours prévoyait la démolition du site LEBEAU afin d’y reconstruire un parking de 400 places et un complexe de 42.000 m2, deux fois plus dense et plus haut que les autres îlots du quartier.

Notre association prit connaissance du projet fin 2020 et se joignit aux riverains mobilisés pour l’empêcher. Immobel fut contraint de retirer sa première demande de permis suite à un arrêt de la Cour Constitutionnelle début 2021.

En février 2022, Immobel a introduit une nouvelle demande de permis. Les projets de démolition-reconstruction de deux tours de 11 et 15 étages, aux  coins de la rue de la Paille avec le Sablon et la rue de Ruysbroeck ont été abandonnés, et le parking réduit à 200 places mais  tout le reste du projet est  inchangé : à savoir la démolition-reconstruction des deux tiers du site dans la descente vers la Grand Place, tout le long de la rue Lebeau et de la place de la Justice. Le projet reste écrasant, hors d’échelle. Sa densité reste deux fois supérieure à celle des autres îlots du quartier.

La Commission Royale des Monuments et Sites a rendu un avis défavorable en juillet 2022.

Lors de la réunion de la Commission de Concertation du 4 octobre dernier,  le Quartier des Arts, Europa Nostra, de nombreux riverains et de nombreuses associations engagées dans la défense du patrimoine et de la ville habitée  ont plaidé pour que la Commission de Concertation rende également un avis défavorable au projet.

Les principales critiques portent sur :

1. Le programme qui ne répond pas aux attentes du quartier : plus de 50% des surfaces affectées aux  bureaux – seulement  20% au logement (65 unités) – 25% pour 150 studios meublés – aucun espace ni équipement public, alors qu’existent  plusieurs demandes d’extension d’ écoles dans le quartier.


2. La démolition d’immeubles en excellent état, alors qu’une rénovation, même lourde, aurait un coût écologique deux fois moindre.  


3. La construction d’une tour de 14 étages sur la place de la Justice, en rupture d’échelle avec le quartier, d’autant moins acceptable qu’elle serait affectée à la location de 150 studios meublés sans aucun apport d’animation sur la place et pour le quartier.


4. La démolition de tout un côté la rue Lebeau pour y reconstruire des immeubles massifs de 6 à 8 étages ( 24 à 32  m de haut ) qui écraseraient l’ensemble architectural de 18 maisons fin XIXe et début XXe, situé en face et repris au patrimoine de la région (15 m de haut sous corniche) dont une maison construite par l’architecte Victor Horta. 


5. La construction et l’imperméabilisation de l’intérieur d’îlot pour y construire un nouveau parking  de 200 places alors que 500 places sont disponibles dans les parkings publics à proximité.  


L’avis de la Commission de Concertation a été rendu public ce 27 octobre: rue Lebeau 2 - 18:  dossier n°12 (à partir de pg. 43)

La commission reconnait le bien fondé et la pertinence de nos critiques, mais conclut étonnamment par un avis favorable conditionnel sur le projet.  Cet avis laisse perplexe. La décision de la commission est incohérente. Elle n’est en effet pas supportée par les motifs qu’elle développe.

Les conditions demandées par la Commission portent seulement sur la réduction de la hauteur de la tour place de la Justice de quelques niveaux et la révision des plans de certains appartements. 

La balle est maintenant chez URBAN, à qui il appartient de délivrer ou non le permis.  Suivra-t-elle l’avis favorable de la Commission de Concertation, malgré l’opposition unanime des riverains et des  associations, et malgré l’avis défavorable de la Commission de Monuments et Sites ? 

On voit malheureusement bien que les autorités sont coincées et n’arrivent pas se désengager du concours funeste lancé par le Bouwmester Maitre Architecte en 2018.

Le Secrétaire d’Etat à l’Urbanisme avait quant à lui publiquement plaidé pour la construction d’un parking de 400 places sous ce projet qui avait pour raison d'être de permettre la suppression du stationnement au Sablon, mais on se rend compte qu’avec sa réduction à 200 places, ce seront les nouveaux bureaux qui en seront les seuls bénéficiaires. Là aussi, la marche arrière semble difficile…

Autoriser ce projet, serait rater l’opportunité de développer sur ce site stratégique entre la Grand Place et le Sablon un projet exemplaire dans la rénovation écologique et durable, bien loin des erreurs du passé. Démolir pour reconstruire massivement avec une architecture banale un programme composé pour trois quarts de studios meublés et de bureaux, sans espace culturel ou social, serait une erreur historique en 2022.